Le récit de Léonce SALAÜN du 3/08/1914 au 24/10/1965
Mobilisation pour la 1ère guerre mondiale
Aujourd'hui, le 3 aout 1914, je fête mon premier mois de travail à l'Hôtel de l'univers à Saint Malo et le décret de mobilisation général vient de tomber. Je vais devoir rejoindre un régiment, c'est la guerre.




Durant quatre ans, j'ai connu les tranchées, la boue, les bombes, les cadavres, les gueules cassées, le pinard pour oublier un peu.
Nous sommes le 15 juin 1919 et je viens d'être libéré.
Je ne parlerais peu de ce que j'ai vécu durant cette guerre. J'en n'ai pas envie.
Le 15 juin 1919, à ma libération, je me retire à Landerneau. Mon frère Pierre y demeure au 9 rue de la fontaine blanche avec son épouse Anastasie, ses filles Jeanne, Hélène, Renée et son fils Pierre.
Je quitte Landerneau pour m'installer à nouveau à Nantes où je résiderais au 16 de la rue Franklin.
Ma vie de famille, mon travail, ma retraite
Angèle Picot est celle que j'ai rencontré pour lier nos vies. Elle a 24 ans et moi j'ai 30 ans.
Notre mariage est célébré à Nantes le 19 janvier 1920 à 15h avec la présence de la mère d'Angèle Estelle Margantin et des témoins qui sont René Salaün, mon Frère, Maréchal des logis dans la cavalerie à Guingamp et de Georgette Picot dactylographe, la sœur d'Angèle, épouse Houzé et qui habite à Nantes 10 rue du Marchix.
Je rejoins la famille Picot 12 rue Kléber à Nantes et nous serons trois : Angèle, sa mère Estelle et moi.
Mon frère René qui habite Guingamp, se marie avec Maria Simon le 10 septembre 1920 et le mois suivant c'est mon demi frère Sylvère qui vient de se marier à LANDERNEAU avec Jeannine ABGRALL le 4 octobre 1920.
De trois nous passons vite à cinq avec la naissance de jumeaux, Georges et Jean le 24 octobre 1920.
Deux ans plus tard la famille s'agrandit encore avec la naissance de Micheline le 8 aout 1922.
Je viens d'apprendre que ma mère vient de décéder à l'hospice civil de Landerneau le 8 mai 1926. Elle avait 64 ans.
Mon frère Pierre vient de décéder à l'âge de 50 ans à Landerneau dans le Finistère le 4 juillet 1934. Il était atteint d'une laryngite tuberculeuse. Pour acte de courage durant la guerre de 14-18 il a été décoré de la croix de guerre avec étoile en argent.
Douze ans se sont écoulées et voici la naissance d'un troisième garçon le 9 juillet 1934 que nous baptisons Michel. Maintenant nous vivons à sept dans la même logement.
Notre famille est endeuillée avec le décès de ma belle mère le 26 juillet 1939.
Elle a vécu jusqu'à 88 ans.
Encore en guerre, la France a déclaré la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939.
Mes fils font leur apprentissage chez DECRE. Jean apprend le métier de tapissier, Georges celui de dessinateur.
Micheline s'est formée au métier d'employée de commerce et est vendeuse chez DECRE.
Mon fils Georges est mobilisé pour travailler en Allemagne.
Nous avons subi plusieurs bombardements et nous nous sommes réfugiés à la campagne (Selon les dires de Micheline SALAÜN).
C'est la fin de la guerre qui a duré quatre ans. L'armistice vient d'être signée le 8 mai 1945.
Nous pouvons ainsi reprendre notre en vie en paix. Sans les rationnements. Boire du vrais café. De nombreux quartiers de la ville devront être reconstruits.
C'est toujours au 12 de la rue Kléber que nous habitons.
J'ai changé de travail. Maintenant je suis manœuvre aux chantiers de construction navale de Nantes.


Rue kléber à Nantes
Témoignage du travail aux Chantiers navals de Nantes
Témoignage du travail aux Chantiers navals de Nantes
Je me rends au travail à pieds de la rue Kléber au quai de la fosse où je prends le pont transbordeur pour rejoindre l'ile Beaulieu de Nantes où se trouvent les chantiers de construction navale. L'embauche est à 7 heures du matin avec une pause déjeuner à 12h.
J'effectue ce trajet quatre fois par jour car je mange chez moi. Le travail reprend de 14h jusqu'à 18h30. Le samedi et le dimanche sont des jours de repos. Je parcours ainsi environ cinq kilomètres par jour pour aller et revenir des chantiers.

Le pont transbordeur de Nantes

Départ de contingents pour la guerre d'Algérie

Article commentant l'avis de décès de l'époux de Micheline
Micheline vient de rencontrer un homme qui est Patron coiffeur à Chantenay, il se prénomme Lucien. Il était résistant durant la dernière guerre et fût déporté dans un camp allemand.
Cela fait plus de deux ans que Micheline fréquente Lucien et le mariage a lieu le 2 avril 1948.
Je suis grand Père du premier petit enfant qui se prénomme Serge. Micheline l'a accouché le 15 janvier 1949 à son domicile, chemin des Bourderies à Chantenay où se trouve le salon de coiffure.
Me voici pour la seconde fois grand Père d'un garçon de Micheline qui se prénomme Loïc. Il est venu au monde le 15 décembre 1952.
Micheline et Lucien quittent Chantenay pour s'installer au 2ème étage du 6 allée Duguay Trouin à Nantes. Ils ont aménagé une partie de l'appartement en salon de coiffure, l'autre partie est leur logement.
Michel est parti faire son régiment en Algérie et c'est la guerre dans ce pays.
Je suis à la retraite et le jeudi je me rends chez Micheline voir mes deux petits enfants Serge et Loïc. Avec eux, je passe de bons moments. Une fois nous étions à la fenêtre de leur chambre qui était ouverte et nous criions à tue tête "Drouin Frères Nantes" à chaque passage d'une camionnette qui portait cette enseigne et il en passait très souvent. Je me suis fait gronder par Micheline parce qu'on faisait du vacarme et elle m'a reproché d'énerver ses enfants.
Micheline vient de mettre au monde un troisième garçon du prénom de Yannick le 29 mars 1958.
Micheline et Lucien viennent d'acheter une maison près du parc de Procès à Nantes. Micheline dit que l'air y sera plus sain pour le petit Yannick qui n'a pas bonne mine.
Lucien est en mauvaise santé, il est obligé de s'absenter de son salon de coiffure qui continue de fonctionner en son absence.
Lucien est entré à l'hôpital Saint Jacques. Micheline ne nous donne pas de nouvelles rassurantes.
Huguette et Michel me fond pour la première fois grand Père d'une petite fille, elle se prénomme Brigitte. Elle est née le 10 novembre 1959.
Nous sommes dimanche 29 novembre 1959, Angèle et moi nous nous rendons chez Micheline pour garder nos trois petits fils : Serge qui aura onze ans au mois de janvier, Loïc qui aura sept ans au mois décembre et Yannick qui fête ses vingt mois aujourd'hui.
Micheline doit se rendre à l'hôpital, Lucien est au plus mal. En fin d'après midi elle est de retour. Nous lui demandons ce qu'il en est. Elle nous répond : c'est fini. Lucien est décédé. Angèle fond en larme.
Lucien aura droit à un article dans le journal. Il sera enterré à Chalonnes sur Loire dans le Maine et Loire.
Michel et Huguette me donnent un quatrième petit fils le 7 janvier 1963. Il s'agit de Patrick.
Je viens de me faire amputer d'une jambe à cause de l'athérosclérose.
Je passe beaucoup de temps à faire des mots croisés. Mes fils m'ont offert un grands dictionnaire.
Maintenant c'est avec ma jambe valide que j'ai mal. Les symptômes sont identiques qu'avec celle qu'il a fallu amputer.
Léonce s'est éteint à son domicile le 24 octobre 1965 à 12h.
Des personnes habitant près de Rennes de la famille à Léonce étaient présentes, dont sa nièce Renée SALAÜN épouse MAUREL la fille de son frère Pierre et qui est rescapée du camp NAZI Ravensbrück. Son mari Etienne MAUREL est décédé dans le camp de Struthof en 1943.
Créez votre propre site internet avec Webador